Les légendes de CRACOVIE
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Bague de Kinga, Pigeons enchantés, Cloche de Notre-Dame. Autant d'histoires qui se transmettent à travers les siècles. Native de Pologne, Jolanta fait un clin d'œil aux légendes qui ont bercé son enfance, en associant un récit et une illustration en couleurs tout droit sortie de son imagination.
- Le dragon
- La cloche
- Légende de Messire Twardowski
- Légende de Wanda
- Le Lajkonik et la sonnerie de Notre Dame
Le livre "Je peins et je raconte" reprend ces légendes.
Légende des pigeons enchantés

La place du marché de Cracovie est pleine de pigeons. Tout le monde les nourrit et cela fait la joie des enfants et des passants. Mais pourquoi ? Lorsqu'Henri IV Probus accéda au trône princier au 13ème siècle, il manifesta le désir d'unir toutes les terres de la principauté pour se faire couronner roi. Cependant, il n'avait pas assez d'argent et fut aidé par une fée qui changea ses chevaliers en pigeons. Les pigeons se posèrent sur l'église Notre-Dame et commencèrent à piqueter les pierres de leur bec. Les débris tombant à terre se changeaient en pièces d'or ! Avec ce trésor, le prince partit à Rome afin de s'assurer l'appui du Pape. Durant le voyage, il festoya, s'adonna aux plaisirs et perdit tout l'argent. Il ne revint jamais à Cracovie et sa troupe demeura enchantée. Elle attend toujours le prince.
Le dragon

Cette légende remonte au Moyen-Âge. Elle raconte qu'un dragon vivait dans une grotte, sous le château de Wawel à Cracovie. Le dragon terrorisait la population ; tout le monde tremblait en l'entendant hurler. Chaque matin, il en sortait et demandait une jeune fille pour la dévorer à son petit déjeuner. La population de Cracovie était saisie d'horreur. Un jour, c'est la fille du roi que le dragon demanda au petit déjeuner ; ce fut le comble ! Le roi Krak offrit la main de sa fille et son royaume à qui tuerait la bête féroce. Bien des chevaliers courageux et vaillants s'y sont essayés ... sans succès ! Un jour, un jeune cordonnier nommé Dratewka se présenta devant le roi. Il n'avait aucune armure et son unique arme était son ligneul, son aiguille et sa sagesse. Mon seigneur, je ne suis qu'un pauvre cordonnier, mais faites-moi confiance : j'ai besoin d'une peau de mouton, de soufre et de goudron. Quand le cordonnier eut expliqué son plan, le roi Krak réfléchit et fit un signe d'approbation. Le cordonnier plaça la peau de mouton remplie de soufre et de goudron devant la grotte et il se cacha dans les broussailles en attendant la suite. Le dragon sauta sur le mouton avec rapacité et l'avala tout entier. Il eut alors très soif, sauta dans l'eau et commença à boire avidement. Plus il buvait, plus son ventre devenait gros et enfin ... BOUM ! Il éclata. L'explosion fut si forte que les meubles dans le château de Wawel tremblèrent ! La joie des habitants fut énorme ; même le roi pleura de bonheur. Et pour finir, notre gentil cordonnier épousa la princesse et ils menèrent une vie longue et heureuse.
La cloche

Jadis, le cloître des sœurs Norbertines se situait sur une voie commerciale, au bord de la rivière Vistule. Pendant la nuit, la tempête rompit les cordes qui amarraient un bac. Le bac était parti avec le courant de la Vistule. Cette nuit-là, les sœurs furent réveillées par le son de la cloche. Terrifiées, elles quittèrent leurs cellules et aperçurent des cavaliers fuyant à toute vitesse. C'étaient des marchands qui essayaient d'échapper aux Tatars. Les fuyards se dirigeaient vers le débarcadère, ne sachant pas que le bac avait disparu et que le niveau des eaux ne permettait pas de traverser la rivière. Les marchands et les poursuivants sautèrent dans la Vistule. Tous périrent noyés sauf un marchand qui, pour remercier Dieu de l'avoir sauvé, décida d'offrir une cloche au couvent. Chaque soir, elle sonnait dix coups, appelant les sœurs à prier pour les âmes des noyés. Cette tradition a duré jusqu'en 1917, année où les Autrichiens l'ont réquisitionnée pour fondre des canons. Depuis, les eaux de la Vistule s'ouvrent à la Saint-Jean, la cloche apparaît à la surface de l'eau et on l'entend sonner jusqu'à minuit.
Légende de Messire Twardowski

Le plus connu des sorciers de Cracovie, Jan Twardowski, travaillait sur la découverte de la pierre philosophale permettant de changer un métal quelconque en or ; il guérissait les maladies et rajeunissait les gens. En échange de la possibilité d'exaucer tous ses désirs, il avait signé un pacte avec le diable auquel il devait remettre son âme à Rome. Grâce au diable, Twardowski aurait, entre autres, formé une dune de désert (Bledowska). Un jour, l'explosion de son laboratoire donna naissance à des rochers près de Cracovie. Rusant avec le diable, Twardowski évitait soigneusement de se rendre à Rome. Cependant, un jour, il arriva dans une auberge, ne sachant pas qu'elle portait le nom de Rome ! Le diable fit apparition pour prendre son âme. Twardowski sauta sur un coq et s'envola dans le ciel. Il paraît qu'il séjourne sur la lune, qu'il a la nostalgie de Cracovie et qu'il regarde la ville d'en haut.
Légende de Wanda

La légende parle de la jeune et belle souveraine de Cracovie. Le prince allemand Rydygier tomba amoureux de Wanda, célèbre pour sa sagesse et sa justice. Le prince déclara qu'au cas où elle refuserait sa main, il attaquerait Cracovie. Wanda, qui ne voulait pas exposer la ville au danger, choisit de se tuer au lieu de l'épouser et se jeta dans le courant de la Vistule. Pour célébrer cette mort héroïque, le peuple décida d'élever un tertre en son honneur, lieu de promenade aujourd'hui pour les touristes et les Cracoviens. En 1890, on y a érigé une statue, réalisée selon les projets du grand peintre Jan Matejko.
Le Lajkonik et la sonnerie de Notre Dame

Appelé également Tatar, c'est un des principaux symboles de Cracovie ; la légende date de 1287. Des guerriers Tatars s'étaient approchés imperceptiblement des murs de la ville et avaient décidé de passer la nuit au bord de la Vistule, pour attaquer au petit matin. C'est là qu'ils furent aperçus par des bateliers. Ceux-ci surprirent l'ennemi endormi et sauvèrent ainsi la ville du pillage. Puis ils se vêtirent de costumes asiatiques pour entrer dans la ville sur des chevaux pris à l'ennemi, provoquant d'abord la terreur puis la joie des habitants. Le maire de Cracovie déclara alors qu'en souvenir de cet événement, chaque année, un batelier déguisé en Khan Tatar ferait son entrée dans la ville, suivi d'un cortège de ses confrères. De nos jours, pendant le défilé traditionnel qui mène à la Place du Marché, le Lajkonik distribue des coups de sceptre, pour porter bonheur.
La bague de Sainte-Kinga

Selon la légende, après que le prince polonais Bolesaw eût demandé la main de la princesse Kinga (Cunégonde) de Hongrie, celle-ci pria son père que sa dot ne contienne ni or ni pierres précieuses. Elle ne désirait qu'un seul trésor, le sel (très précieux et fort recherché à cette époque). Son père, Bela IV de Hongrie, lui offrit la plus riche de ses mines de sel. Kinga jeta sa bague de fiançailles dans le puits de la mine. Arrivée en Pologne, elle fit faire des recherches qui permirent de découvrir les mines de sel de Wieliczka et de Bochnia. Dans le premier bloc de sol extrait, on retrouva la bague quelle avait jetée dans la mine de sel hongroise. Pour information, la mine de sel gemme de Wieliczka, exploitée continuellement depuis le XIIIe, est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Légende des noces juives

Dans la rue Szeroka se trouve un espace clôturé qui, selon toute probabilité, est un ancien cimetière. Une légende ayant trait à des noces juives est liée à cet endroit. La date du mariage était fixée pour le vendredi, avant le coucher du soleil, donc avant le Shabbat, jour de repos sacré (la religion interdit aux Juifs d'organiser ce jour-là des mariages et des noces). Cependant, la fête se prolongea tard dans la soirée. Le temps du Shabbat était arrivé et les participants à la noce ne respectaient pas la tranquillité des pieux qui priaient dans la synagogue. Ils ne voulurent même pas tenir compte des remontrances du rabbin qui les exhortait à ne pas enfreindre le commandement exigeant de sanctifier le jour du Seigneur. Ils en furent sévèrement punis : tous moururent le soir-même. On les enterra dans une tombe commune, où ils furent emmurés. Il paraît que l'on entend encore leurs murmures et leurs gémissements. Comme vous voyez, dans les légendes, tout ne finit pas bien mais elles nous servent de leçon.
Un commis espiègle

Dans la montagne des Tatras habitaient des familles aisées qui employaient des commis. L'histoire raconte, qu'un jeune Yendrek, très travailleur, peu apprécié par la fermière connue pour son avarice, était exploité, mal nourri et logé dans les étables. Il trouva cela injuste et décida de lui "donner une leçon de remontrance". Il arriva à la cuisine, où dans une marmite cuisait un succulent repas.
"Cela sent merveilleusement bon ! " s'exclama t-il.
"Ah, ce n'est que le vieux pantalon usé et très sale de mon mari", répondit la fermière.
"Vous savez, le mien est encore plus abîmé et sale ! ".
Et là, Yendrek jeta sa guenille dans la marmite.
La femme comprit bien cette leçon et depuis, pour éviter le même incident, le commis mange à sa faim.
La Dame Blanche et le trésor des Incas

L'exotique Dame Blanche fait son apparition dans la cour moyenâgeuse du château fort de Niedzica, au sud de la Pologne. D'après la légende, c'est le fantôme d'une princesse indienne, Umina, fille de Sébastien, l'héritier du château.
Aventurier et rebelle, Sébastien partit en Amérique Latine, s'installa au Pérou, se maria avec la fille du monarque et hérita d'une partie du trésor. De cette union est née Umina. Chassée par les conquistadors espagnols, la famille rentre en Europe et s'installe au château. Après la seconde guerre, on retrouve le fameux Quipou Inca sous un escalier. Ce système secret d'écritures sous forme de nœuds, fait en laine alpaca et multicolore, transmettait des informations administratives et peut-être sur le trésor caché à Niedzica. Le quipou disparu, sans doute emporté par les héritiers.
La Sirène de Varsovie

A l’endroit où se trouve la vieille ville de la capitale de Pologne, une sirène sortit de l’eau. Elle trouva beau le sable fin et les paysages aux alentours. Elle décida d’y rester. Malheureusement sa présence dans la Vistule créait des vagues géantes et des tourbillons. Les pêcheurs, las de voir les filets vides et emmêlés décidèrent d’élucider le mystère mais la voix magnifique de la sirène les a déroutés. Tous les soirs, elle chantait au grand bonheur des habitants du hameau et ils finirent par se lier d’une profonde amitié. La sirène promit alors de défendre les villageois, si le danger se présentait.
Voilà pourquoi, sur l’emblème de la capitale, et toutes les statues, la femme-poisson est représentée parée d’une épée et un bouclier.
Janosik, le chef des brigands des Carpathes

Le personnage de Janosik est aussi connu du côté polonais que de l'autre côté de la frontière, en Slovaquie. Nombreux furent les poèmes, les récits puis les films qui, dans l'un et l'autre pays, relatèrent les exploits de ce brigand au grand cœur. Il s'avéra bien vite que ses méfaits avaient des buts très généreux. Entouré de "zbojniki" (bandits), il dépouillait les riches voyageurs, et plus particulièrement les Autrichiens. Ensuite, il distribuait le butin aux pauvres. Janosik n'a jamais tué aucune de ses victimes, se contentant de les dévaliser. Il paraît même que si un pauvre hère venait à passer et avait besoin de son aide, il s'empressait de lui porter secours. On dit que les sorcières lui firent don de trois objets magiques : un piolet, une chemise et une ceinture qui lui assuraient chance et agilité. Aussi ne voyait-on jamais Janosik sans ces trois présents.Pour ces raisons chevaleresques, Janosik était plus admiré que craint parmi la population des Tatras. Il n'empêche qu'il était activement recherché par les autorités autrichiennes au pouvoir et qu'un jour il fut capturé et condamné à mort. S'il fut finalement attrapé, c'est parce qu'il avait eu le malheur de tomber amoureux d'une fille perfide qui ne méritait aucunement son amour. Tentée par l'argent que les autorités avaient promis, elle dénonça Janosik après avoir pris soin de détruire les trois dons des sorcières.